6.9.06
Message d'Amour #04
Bon voilà, comme je sens que ça vous a vachtement manqué ces derniers jours, je complète (finis ?) le rapport de Lure (à défaut de faire celui d'anglais, où je me suis juste marré à faire une couve sympa, BREF. Je ne vous parle même pas du mémoire, re : BREF + anyway…)
Question désormais rituelle mes chers amis typographes : où en étions nous il y a vingt jours
déjà ?
Toujours dans la bulle lursienne, en compagnie de quelques acteurs d'Estienne, puisque ce jour-là, nous accueillions de nouveau le sieur Estève et que la journée commençait avec l'exposé gothisant de notre ami Bruno Bernard. Bruno nous avait fait un peu plan à la mémoire de sémiologie, puisqu'en introduction de sa présentation de l'Adso, il nous fit part des diverses utilisations contemporaines de la gothique. Est-elle connotée cette bonne vieille gothique ? Et encore, de quelle gothique parlons-nous ? C'est vrai qu'il est toujours marrant de voir un album Hip-Hop arborer fièrement une Fraktur et une charcuterie une Textura bancale. Enfin marrant, pour le typographe peut-être. Logique, ben pour le reste ?
L'Adso est une belle expérience de celui qui aime dénouer les diverses influences de l'histoire de la typographie. Ce que j'ai aimé dans la présentation de Bruno Bernard c'est que l'explication de la démarche était claire et les choix qui en découlaient complètement assumés. Malgré ce que l'on a pu entendre dans le public après coup, je trouve que de mettre des formes humanistes dans une gothique contemporaine n'est pas choquant, de mettre un double storey au g minuscule non plus. Surtout si cela sert des préoccupations techniques de confort de lecture, d'homogénéisation d'une police etc… Bien qu'un peu déçue de ne pas avoir vu plus de ce caractère, je reste assez emballée par l'idée. Et tout le long de la conférence, adhérant à la démarche, je me demandais sans cesse : et si j'avais ce caractère à disposition, qu'en ferais-je ? L'utiliserais-je pour la communication d'un événement culturel, une institution quelconque — ou bien au contraire touchant elle-même à la période gothique ? L'utiliserais-je complètement à contre-emploi ? Je ne sais pas si dans le public, les professionnels de la profession étaient dans les mêmes questionnements, mais il me semble que ce projet pointait bien un problème tout à fait contemporain, à savoir : que fait on d'un caractère dont l'histoire est marquée quand on est graphiste ? Doit-on éviter son utilisation si on en connaît pas les origines ? Doit-on communiquer, lorsqu'on est créateur de caractère, avec une grande vigilance sur les connotations diverses qu'une forme historique peut évoquer ? Une dernière chose, j'aimerais bien revoir (qui a dit : "ma Normandie" ?) les versions finales en labeur, de loin elles me semblaient pas mal du tout.
Alors une dernière question me taraude, pourquoi à la fin de cet exposé faire suer ce pauvre Bruno Bernard sur les sous groupes sociologiques oubliés lors de la première partie de sa conférence : "Ah mais tu as oublié les jeux vidéo type trash métal, où la gothique est massivement utilisée !", alors qu'en quelques images tout le monde avait compris le sens du truc, bref.
La matinée continuait sur un vent de jeunesse puisque l'intervenant suivant était Peter Bil'ak. Étonnants étrangers qui parlent si bien notre langue. Remarquez de la part d'un slovaque travaillant en Hollande (sans vous parler des allers et retours en France, aux États-Unis et en Angleterre), il ne fallait pas s'attendre à moins. Bil'ak nous fit part d'un passionnant exposé-"work in progress" en nous présentant les caractères arabes prévus pour enrichir son fameux caractère, le Fedra. Mais ce qui me semblait assez intéressant c'était cette part un peu obscure de Peter Bil'ak que je ne connaissais pas, des travaux un peu plus expérimentaux, intellectuels, autour de la danse et du mouvement. Si je trouve une vidéo je mets un lien promis. Que dire de plus pour ceux qui ont déjà eu la chance d'avoir un DotDotDot dans les mains, peut-être aller faire un tour sur typotheque, et de toute suite s'enquérir des freeware à disposition sur le site ?
La suite ? J'ai séché, mais j'ai pris un monaco avec Peter et Johanna Bil'ak, alors que dire de plus ?
Bon quelques heures plus tard, quand même, je me redirigeais vers la Chancellerie. Pour un tour de table sur les livres marquants de l'année (Roxanne, Michel et Papy Yvon). Mais avant tout une présentation assez émouvante de François Richaudeau, devenu aveugle depuis peu, mais avec un regard et des questionnements plus que contemporains sur la typographie. Épatant bonhomme. En parlant de bonhomie, la présentation d'Yves Perrousseaux n'était pas mal non plus. Sa passion pour l'histoire de la typographie l'avait emporté à nous refaire la chronologie de Gutenberg au Romain du Roi, et ceci en quelques minutes ! Tout aussi volubile que cette fois où il nous raconta une biographie tout à fait "Charles Dickens" de Michel Derre, qui nous fît un petit pincement au cœur, oubliant les moments où Michel nous frappe à coups de Cola-pen sur la tête en cours de calligraphie. Challenge un peu coupé court par Nicolas Taffin — qui enchaîna avec le livre Livre, puisque la journée n'était pas terminée, loin de là.
Brr, un vent froid nous faisait frissonner. Les étudiants d'Amiens, eux jubilaient, une de leur consœur avait remporté le prix des rencontres de lure et une licence Quark.
Une soirée Drive-in était prévu dans les géniales arènes de Lurs. De l'art de s'égarer en ville avec Malte Martin. Nous nous sommes égarés avec plaisir, quoiqu'un peu refroidis, par un blizzard intempestif balayant les hauteurs de Lurs. Nous avons pu remarquer que les guest stars ne manquaient pas, puisque Robert Barret himself fit une brève apparition dans un des films. Une petite animation typographique coquine émoustilla l'audience et permit aux corps de se réchauffer pourtant. (Valentine se rappelle encore la fermeture éclair — comprenne qui pourra). Nous vîmes également une drôle de version de chiffres suspendus en DIN (ben oui DIN/Malte, Malte MarDIN, bref.), sûrement faite avec des o minuscules diront les mauvaises langues (qui a dit "tu en fais partie Pauline" ?).
Une soirée folle nous attendait à Fontienne, faite de photos d'un étrange couple de typographes, aux coupes de cheveux extravagantes, mais ce n'est ni l'heure ni le lieu de vous conter des choses pareilles.
Merci, à bientôt pour le final.
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La question, concernant le, très intéressant au deumeurant, caractère Adso : «Si j'avais ce caractère, qu'en ferais je ?» me semble étrange, je n'arrive pas a comprendre…
Passons aux choses sérieuses : Pauline, t'arrives à faire marcher le lettermetter de Peter Bil'ak ? Dis oui, s'il te plait…
C'est bien la peine de se moquer de mes question dear Rudy, si c'est pour demander un service après, mais bon ... je vais voir ce que je peux faire.
Dear Matthew Carter, LetterMetter marche nickel chez moi, t'as quoi comme pb ? C'est peut-être une question de version d'OS ? Je sais pas… tell me more pls.
Désolé pour les histoires sur ta question, Pauline, je voulais juste faire semblant d'avoir un truc à dire, rapport à mon identité soudainement prestigieuse…
Pour LetterMetter ton diagnostique est parfait, je tombe sur un OS obsolète !
Je suis bien attrapé !
Elle est épatante cette petite Pauline. Je viens d'arriver, et j'avoue ça fait un pincement au cœur ces souvenirs lursiens. Merci de t'être coltinée ça, toute seule, peut être même que ça te vaudra un bisou demain.